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Les 5 meilleures affiches des Jeux Olympiques de tous les temps

affiche jo poc

Une affiche des Jeux Olympiques, c’est bien plus que la simple annonce informative de date avec un visuel, c’est la rencontre d’art, du sport et de la culture d’un pays. Chaque affiche est la fusion de l’esprit des Jeux Olympiques, leurs valeurs et leurs ambitions, teinté de son époque et de son pays. 

Découvrons ensemble 5 affiches des plus remarquables

Les Jeux Olympiques sont un des rares moments où la Terre entière regarde le même endroit. À l’orée des Jeux Olympiques de Paris 2024 et au-delà du sport même, rappelons que les Jeux Olympiques, qu’ils soient d’hiver ou d’été, véhiculent des valeurs d’unité, de respect et de culture des pays.

Les affiches, les emblèmes et les logos olympiques ont donc bien plus de valeur et de symbolique qu’un simple assemblage d’images. Focus sur des affiches marquantes, tant par leur graphisme que par leur intégration dans leur tendance artistique. 

Les affiches comme témoignage d’un temps

Avant de dévoiler notre sélection, faisons une introduction sur les Jeux Olympiques modernes. Ils ont été introduits par 1896 en Grèce à Athènes. La première affiche arrive au début du XXᵉ siècle et depuis, chaque olympiade a vu son emblème créé pour l’occasion. Véritables témoignages de leur temps, ces affiches répondent aux codes de l’époque et s’inscrivent dans une tendance du moment où elles ont été créées. Certaines, particulièrement remarquables, ont traversé le temps, grâce à un design innovant ou particulièrement représentatif de leur époque. 

Des années folles américaines aux couleurs fluo des années 80, chaque organisateur a voulu marquer son époque, tout en gardant les mêmes traceurs : symbolisme olympique, unité, union, sportivité. N’oublions pas pour autant que les pays accueillant n’oublieront pas d’y glisser leur touche culturelle locale et leur tradition au cœur d’une affiche vue par la quasi-entièreté de l’humanité. 

Première dans la sélection, l’affiche des Jeux Olympiques de Saint-Louis en 1904

Affiche officielle des JO de Saint Louis 1904
Affiche officielle des Jeux Olympiques de 1904 à Saint-Louis, USA

La première de son histoire ! 

Elle est en fait une affiche de facto, puisque pour ces jeux olympiques, aucune charte ni promotion n’est prévue et ce que vous voyez là est la couverture d’un fascicule pour l’Exposition Universelle, qui s’est retrouvée comme affiche officieusement officielle. 

L’effet fish eye 

Sur cette affiche ce qui saute aux yeux c’est l’innovation graphique qui se trouve en son centre avec l’effert « oeil de poisson » qui met un zoom sur le village olympique ! Admettez que c’est une prouesse d’innovation en cette époque d’imaginer une affiche comme celle-ci. 

L’Art Nouveau

Que serait le début du XXᵉ siècle sans ses gravures et décorations Art Nouveau?  Cette affiche pourrait en être un cas d’école d’art : les couleurs sont vives et très complémentaires, les arabesques sont présents et forment un cadre autour du sujet. Enfin, la très caractéristique typographie ronde, élégante mais fantaisiste à la fois nous le confirme : nous sommes bien en 1904. 

Petit détour par les Jeux Olympiques d’Hiver, ne les oublions pas ! 

Nous sommes en 1928 à Saint-Moritz, en Suisse, pour la deuxième version hivernale des Jeux Olympiques. Une affiche que l’on pourrait qualifier de simpliste, mais ne confondons pas efficacité et simplicité. Deux drapeaux, le Piz Corvatsch de la montagne des Grisons et un titre donnent une affiche au symbolisme aussi fort qu’élégant. 

Affiche des JO 1928 en Suisse
Affiche officielle des Jeux Olympiques de 1928 à Saint-Moritz, Suisse

À l’heure des années folle, les Arts Décoratifs sont en pleine tendance et cette affiche en est le symbole : lignes simples, aplats de de couleurs et lignes épurées sont au rendez-vous. 

Cette affiche a cependant une caractéristique bien particulière. C’est la première affiche officielle de Jeux Olympiques qui arbore les fameux anneaux imaginés par Pierre de Coubertin en 1913. Symboles de l’Olympisme, de l’universalité et de l’union entre les nations, ces anneaux font une entrée en grand’ place en étant au milieu de l’affiche, la rendant unique et remarquable. 

Pour l’anecdote, Saint Moritz a accueilli les Jeux Olympiques d’hiver à nouveau 20 ans après et n’ont pour le coup pas donné dans la sobriété graphique pour ce deuxième opus.

Avançons dans le temps et rendons-nous aux Jeux Olympiques d’été à Tokyo en 1964

L’illustrateur Yusaku Kamekura signe ici une affiche simple, à l’image du design japonais pour cette affiche qui reprend en 3 blocs graphiques les informations essentielles. 

Affiche officielle des JO de Tokyo en 1964
Affiche officielle des Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo, Japon

En effet, l’affiche reprend dans l’ordre : 

  • Le drapeau du pays accueillant les Jeux Olympiques 
  • Le symbole olympique, pour l’occasion monochrome, d’une couleur or
  • Le pays et l’année

Cette affiche est chargée de symboles, dissimulés de prime abord. 

Dans une logique d’ouverture internationale, l’artiste a décidé d’utiliser l’alphabet latin pour écrire Tokyo, à l’heure où le continent asiatique reçoit pour la première fois les Jeux Olympiques, jusque-là réservés à l’Europe ou à l’Amérique.

La structure même de l’affiche est pensée comme un kanji, glyphes utilisés en japonais, où le cercle rouge fait référence au soleil et le deuxième kanji signant “racines”, d’où “Pays du soleil levant”. 

L’interprétation est donc, ici, le Soleil et ses racines : l’universalité, l’olympisme. C’est à ce titre de fort symbolisme et de réalisation graphique exemplaire que sera primée de nombreuses fois cette affiche et celles en sont déclinées.

Un peu plus proches de nous, les Jeux olympiques d’été de Séoul 1988

Affiche officielle JO Séoul 1988
Affiche officielle des Jeux Olympiques de 1988 à Seoul, Corée du Sud

Oui. En effet. Cette affiche crie de chaque centimètre carré les années 1980. Le choix des couleurs, les effets lumineux de flare, l’association de la symétrie et de l’humain. La quintessence même des eighties. Cette affiche marque bien plus les symboles qu’elle peut laisser penser au premier regard.

Le logo et les dates en bas à droite mis de côtés, même s’ils mériteraient un article leur étant consacré, l’image est construite autour du cercle central au-dessus du coureur qui va occuper la fonction de point de départ de l’œil pour l’image. Les anneaux, en plusieurs fois, sous une forme lumineuse, représentent la propagation de l’esprit olympique, comme une lumière.

L’idée est ici de mettre en avant les valeurs de paix et de joie que représente l’olympisme, l’idéal porté par l’humain dans ces moments sportifs internationaux. Le porteur de la flamme, quant à lui, montre le progrès de l’humain, toujours en mouvement, toujours en avant et, ici, en particulier vers le bonheur et la joie. Cette affiche illustre donc le slogan officiel choisi par le Comité Olympique pour cette édition : “Harmonie et Progrès”

Dernière en date pour ce top 5, l’affiche officielle des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016

Affiche des Jeux Olympiques de RIO en 2006
Affiche officielle des Jeux Olympiques de 2016 à Rio, Brésil 

L’affiche reprend simplement le logo, l’emblème des Jeux de Rio de Janeiro sur un fond blanc.  Cet emblème brille tant par son inspiration que par sa réalisation et même sa déclinaison. Explications.  Au-delà de personnes qui dansent, l’inspiration expliquée par les designers de l’agence Tatil est subtile et représente tant le design à son apogée. 

Le directeur de la création raconte qu’il a eu l’idée de cette forme en voyant la colline Irmãos (la colline des deux frères), en se disant qu’elle représentait clairement l’esprit de Rio. 

Signification logo jo 2016
La colline Irmãos, base de réflexion pour l’emblème de Rio 2016

En partant de cette forme, et en s’inspirant de la position du Christ Rédempteur du Corcovado, l’idée des personnages en ruban est née. En y ajoutant une forme de mouvement, on peut voir ici très facilement des personnes se tenant la main dans une ronde joyeuse, recoupant complètement les valeurs de joie, de partage et d’harmonie tant défendues par le Comité Olympique International. 

Pour le choix des couleurs, bien plus que les couleurs des anneaux olympiques, il faut y voir – comme l’explique l’agence “La beauté naturelle de notre paysage est incarnée par la marque et sa palette de couleurs.” Aussi, il faut voir que Le jaune symbolise le soleil et la nature chaleureuse des Brésiliens. Le bleu exprime la fluidité de l’eau qui entoure le Brésil ainsi que le mode de vie décontracté de ses habitants. Le vert représente les forêts et l’espoir, une vision positive qui incite à aller encore plus loin.

Les Jeux Paralympiques ont également leur affiche

Trop souvent oubliés des esprits, les Jeux paralympiques sont une compétition multisports, similaire aux Jeux olympiques, mais réservée aux athlètes atteints de handicap physique, visuel ou mental. Ils ont lieu tous les quatre ans, en alternance été/hiver, tout comme les Jeux olympiques. 

Créés pour la première fois à Rome en 1960, ils étaient destinés à réhabiliter les victimes et anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale devenus paraplégiques.

Depuis 1988, les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques sont organisés dans la même ville et se déroulent après les Jeux olympiques.

Au-delà de véhiculer les valeurs olympiques, les Jeux Paralympiques promeuvent l’inclusion, la diversité et l’égalité des chances pour tous les athlètes, quel que soit leur handicap. Leurs affiches doivent donc également refléter ces valeurs et être mises en avant au même titre que les jeux Olympiques. 

Les Jeux Olympiques ont leurs anneaux, les Jeux Paralympiques ont leur agitos (qui signifie en latin “je bouge”). Ils symbolisent le mouvement et le dynamisme. Cet emblème existe depuis 2004 après avoir été incarnés par des Taegeuk coréens, mais jugés trop proches des anneaux. Préférant avoir sa propre charte, le Comité Paralympique International adopte les agitos en 2004. 

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Agitos dans le parc olympique de Londres en 2012

Les affiches comme vecteur d’inclusion et de diversité 

Affiche officielle des Jeux Olympiques et Paralympiques de en 1992 Barcelone, Espagne

1992 marque l’entrée des Jeux Paralympiques de Barcelone dans une ère de compétition de haut niveau au sein du mouvement paralympique. C’est la première fois que les organisateurs ont été intégrés à l’organisation complète des jeux. Ils en ont profité pour établir des règles rigoureuses pour maintenir l’intégrité des compétitions tout en s’adaptant à la multiplicité et la variété des handicaps. 

Grâce au soutien financier de la fondation pour les malvoyants espagnols, le village olympique a pu héberger près de 3020 athlètes et 1000 accompagnateurs issus de 82 pays. 

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée au stade olympique de Montjuic, en présence de dignitaires tels que le roi Juan Carlos, la reine Sofia et Juan Antonio Samaranch, et a rassemblé 65000 spectateurs.

Ces Jeux ont connu un succès télévisuel sans précédent et une fréquentation record sur les sites de compétition. Près de la moitié des participants concouraient en athlétisme et en natation, avec 487 compétitions au total et 279 nouveaux records mondiaux établis. Le tennis en fauteuil roulant a aussi fait ses débuts officiels lors de ces jeux. Des athlètes de renom tels que Trisha Zorn, Elizabeth Scott, John Morgan, Bart Dodson, Heinz Frei et Connie Hansen ont brillé par leurs exploits, remportant des médailles d’or et battant des records personnels. 

Les Jeux se sont achevés le 14 septembre, concluant une édition qui fut saluée comme l’une des plus extraordinaires dans l’histoire des Jeux Paralympiques. D’un point de vue graphique, cette affiche inaugure également une cohérence graphique entre les affiches des Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques en offrant une déclinaison d’emblèmes. L’emblème des jeux, imaginé par l’artiste Barcelonais Josep Maria Trias représente un sauteur de haies stylisé et évoque le dynamisme et la légèreté. 

Sa déclinaison paralympique reprend la même partie haute de l’emblème et y remplace le trait qui stylise les jambes par un presque cercle qui lui stylise une rouge de fauteuil roulant. 

Bien évidemment, cela ne représente pas l’intégralité des handicaps, mais ce symbole est le signe quasiment universel des personnes porteuses de handicap : places de parkings, itinéraires adaptés dans les gares ou aéroports, refuges anti-incendies dans les lieux publics, etc. Cette unité graphique montre bien la volonté des Olympiades de 1992 d’inclure tout le monde, d’unifier les peuples et les disciplines et de promouvoir l’inclusion de chacun. 

Focus sur l’affiche de Paris 2024 

Comment évoquer les affiches de Jeux Olympiques sans parler de celle de cette année, accueillis par la France. 

affiche jeux paris 2024
Affiche officielle des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024

Elle est, à son tour, remarquable à plusieurs titres !

Traditionnellement, les affiches pour les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques sont conçues à partir de la même charte graphique. Paris 2024 ne déroge pas à la règle à la différence près qu’une fois les deux affiches réunies, elles forment une fresque qui représente 47 sports : 18 Paralympiques et 29 Olympiques. 

A la manière d’un “Où est Charlie” géant, comme le faisait Martin Handford, le dessinateur Ugo Gattoni a dessiné ici, pendant plus de 2000 heures, quelque 40 000 personnages, des monuments Parisiens, des symboles de la France, ainsi que des scènes de sports. 

L’affiche se veut joyeuse et s’inscrit clairement dans le slogan des Jeux 2024 : « Ouvrons grand les Jeux ». On y voit une ville stade, ouverte, vert et dont les scènes de sport et de joie recouvrent chaque mètre carré. 

Parmi ce joyeux bazar, vous pourrez y trouver des médailles et également 8 Phryges, mascottes des JO de 2024.

« Quand on m’a proposé de réaliser les affiches officielles de Paris 2024, j’ai tout de suite imaginé une ville-stade ouverte sur le monde, un temps suspendu dans lequel on peut se balader à travers des microcosmes où cohabitent joyeusement monuments parisiens et disciplines sportives », explique l’artiste. « Pour moi, ce dessin se doit d’être intemporel. »

À vous de vous munir d’une loupe pour tout débusquer ! 

Rendez-vous à Paris pour la suite de l’histoire ! 

Avec près d’un siècle et demi d’Olympiades Modernes, les chartes et affiches ont permis un voyage à travers le temps et l’histoire. Véritable témoignage de son époque, chaque affiche est une fenêtre ouverte qui reflète les tendances artistiques, les espoirs d’une génération tout en gardant les valeurs olympiques en premier plan. Elles ont permis de mettre en lumière des tendances, des artistes et des avancées graphiques, portant à vraiment vers le monde une image et un emblème fort. 

À l’aube des Jeux Olympiques de Paris 2024, une nouvelle ère s’ouvre, un nouveau graphisme et de nouvelles pratiques ont été créés, faisant de cette affiche une nouvelle exception dans la tradition des emblèmes et chartes graphiques des Olympiades. Avec cette note joyeuse, l’affiche – qui ne laisse pas indifférent – renferme les valeurs d’unité, de partage et d’entraide tout en représentant la quasi-totalité des Jeux modernes, qu’ils soient olympiques ou paralympiques. 

Objets promotionnels, expressions culturelles d’un pays, mais également souvenirs et symboles d’un moment dans le temps, ces affiches vont bien plus loin qu’être jolies quand on prend le temps de se plonger dans les intentions des artistes, designers, illustrateurs ou graphistes. Toutes sont le fruit d’un travail de réflexion sur les valeurs portées haut par les athlètes et les porteurs de flamme. 

En étant devant nos écrans cet été ou, pour les plus chanceux, dans un stade, il ne sera pas uniquement question de regarder du sport, mais aussi d’être témoin d’un morceau de l’histoire. 

L’arrivée de nouvelles disciplines (cette année, Paris a ajouté du breakdance au programme), l’inclusion de nouvelles personnes et toutes les nouveautés que chaque pays organisateur laissent dans l’histoire rendent chaque période de JO unique et mémorable.