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« C’est quoi la célébrité ? » : Entretien avec Shawn Coss

Cette semaine, nous avons eu le privilège d’interviewer Shawn Coss, dessinateur et directeur artistique américain révélé par la bande dessinée en ligne « Cyanide and Happyness ». Doté d’une patte artistique particulièrement     reconnaissable, il a animé l’Inktober 2016 avec un superbe travail de dessin autour des maladies mentales.

Bonjour Shawn et merci beaucoup d’avoir accepté cette interview ! Pour commencer, pouvez-vous nous dire quel a été l’élément déclencheur dans votre carrière, ce qui vous a permis de gagner en notoriété ?

J’ai construit ma réputation avec Cyanide & Happyness, c’est ce qui m’a fait connaître et c’est là que les fans ont commencé à associer mon style à leur marque.
Ça a pris un moment mais l’année dernière, j’ai participé aux  Inktober Series (un dessin par jour pendant le mois d’octobre) en développant ma vision de l’esprit humain, en traitant les maladies mentales notamment et la représentation graphique qu’elles peuvent m’inspirer.

Comment vous êtes-vous familiarisé avec cet univers ? Quelles étaient vos connaissances sur les maladies mentales et pourquoi avoir choisi ce thème pour les Inktober 2016 ?

Pendant mon enfance, j’étais déjà en proie à de violents cauchemars. C’est certainement ce qui a défini mon style graphique. Par la suite, j’ai fait une école d’infirmier et j’ai donc pu côtoyer des personnes atteintes de ces troubles dans leur vie de tous les jours. Pour tous les amoureux du dessin, Inktober est une institution et j’avais vraiment envie de faire quelque chose qui sorte du lot tout en collant à mon style horrifique. C’est d’ailleurs pour cela qu’en 2017 j’ai participé

Qui sont les artistes qui vous inspirent ou vous ont inspiré ?

 

Chet Zar

 

Dave Correia

 

NC Winters

 

Alex Pardee

 

Avez-vous des rituels qui accompagnent votre travail de création ? Quelque chose qui vous inspire ?

Pas de rituels non, je n’écoute pas de Heavy Metal, généralement quand j’ai une idée, je ne fais que m’asseoir et dessiner. Je sais que ça peut paraître étrange mais la musique ne me motive généralement pas et ne contribue pas à mon processus de création, j’ai plus tendance à écouter un podcast pour me mettre dans l’ambiance.

Quels sont vos conseils pour les dessinateurs se lançant dans le métier ?

Arrêtez de vous en faire parce que vous n’êtes pas célèbres au bout de quelques dessins car cela n’est pas si important. C’est ce que je dis tout le temps à ceux qui me demandent comment ils peuvent être célèbres : « Commencez à vous entraîner ***** ! ». Cela nécessite du temps, de trouver une identité, de se construire comme artiste.

Pour donner un exemple : je ne vais pas aller dans une salle de sport pour la première fois et soulever 50 kg. En plus de me faire mal, je vais me décourager et je n’y retournerais plus. À la place, je vais commencer tranquillement avec un poids qui me convient et sur les prochains mois je vais développer mes muscles. Voila le problème de beaucoup d’artistes qui débutent et qui veulent de suite avoir des milliers de followers.

Si ton travail est naze ce n’est pas grave, personne ne t’en voudras, tout le monde commence par là. Donc ton problème quand tu commences c’est que tu n’es pas bon et c’est pour cela que personne ne te suis. Et là je n’insulte pas ton travail mais passe plus de temps à créer et à t’entraîner qu’à attendre une gratification instantanée sur les réseaux sociaux et tout finira par payer, tu verras. Développe ton style, prends ton temps. Je veux dire que ça fait dans mon cas plus de 20 ans que je dessine et je n’ai toujours pas atteint l’idéal que je vise.

Ce message s’adresse à ceux qui se lancent juste et qui se disent qu’ils veulent être connu. D’abord, si tu veux être célèbre arrête toi de suite car ce n’est pas ce que tu imagines. Je ne veux vraiment blesser, ni décourager personne mais c’est vraiment dur d’être considéré comme un artiste célèbre.

Après c’est quoi être célèbre ? Est-ce que c’est avoir 140K followers sur Facebook ? Avoir des gens qui réagissent à tes publications ? Qu’on te reconnaisse quand tu sors de chez toi ? Ou avoir ta tronche sur un billet ? Tout ça c’est l’image qu’on s’en fait et les gens veulent tout ça en même temps et instantanément. Le problème c’est que quand on te demande à quelle fréquence tu dessines, tu réponds timidement une fois par semaine.

La solution pour toi ? Entre en compétition avec moi ! Je dessine tous les jours donc si tu veux arriver à tes fins, tu dois dessiner deux fois plus que moi. Je ne te demande pas de devenir meilleur que moi mais de penser que tu peux le devenir. Je sais que ça ne va pas plaire à tout le monde mais c’est un métier extrêmement dur, dans lequel tu vas travailler des heures entières sans avoir aucune certitude de ce qui va en sortir. Je pense que la majeure partie des gens n’est malheureusement pas consciente du travail que ça représente !

Voilà qui a le mérite d’être clair…

Voici maintenant les différentes phobies illustrées par Shawn Coss lors de l’Inktober 2017…

Automatonophobie : la peur des marionnettes / des pantins / des mannequins

 

Coulrophobie : la peur des clowns

 

Thalassophobie : la peur des plans d’eau

 

Épistémophobie : la peur de la connaissance

 

Scopophobie : peur d’être observé

 

Taphophobie : la peur d’être enterré(e) vivant

 

Tocophobie : la peur de la grossesse ou de l’accouchement

 

Bogyphobia : la peur du croque-mitaine

 

Nécrophobie : la peur des morts

 

Ecclésiophobie : la peur de la religion catholique (ou des églises)
Philophobie : la peur des insectes

 

Somniphobie : la peur de s’endormir

 

Apotemnophobie : la peur des personnes amputées

 

Trypanophobie : la peur des aiguilles

 

Ophidiophobia : la peur des serpents

 

Arachnophobie : la peur des araignées

 

Kénophobie : la peur des espaces non-éclairés

 

Logophobie : la peur des mots

 

Chronophobie : la peur du temps qui passe

 

Pédiophobie : la peur des poupées

 

Hylophobie : la peur des forêts

 

Trypophobie : la peur des trous

 

Chérophobie : la peur du bonheur

 

Eisophrophobie : la peur du reflet dans le miroir

 

Nyctophobie : la peur du noir

 

Athazagoraphobie : la peur d’être oubliée par ses pairs

 

Blénophobie : la peur de la viscosité

 

Pyrophobie : la peur du feu

 

Agoraphobie : la peur de la foule

 

Claustrophobie : la peur d’être enfermée

…Ainsi que les troubles mentaux lors de l’Inktober 2016 : 

Schizophrénie

 

Trouble de désinhibition sociale

 

Syndrome de Cotard

 

Délire de l’illusion des sosies de Capgras

 

Trouble dissociatif d’identité

 

Trouble de la personnalité dépendante

 

Trouble obsessionnel compulsif

 

Trouble schizophrénique

 

Trouble du spectre de l’autisme

 

Trouble de la personnalité Borderline

 

Trouble bipolaire

 

Insomnie

 

Dépression majeure

 

Vous reconnaissez-vous dans une de ces phobies ou troubles ? Que pensez-vous du dessin qui lui est associé ?  


Traduit de l’anglais par Luc Savi