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« Il faut donner les bases nécessaires aux talents de demain » : Entretien avec Laura Strelezki, fondatrice de LA COLLAB

Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Laura Strelezki*, fondatrice en 2015 de la LA COLLAB, un collectif de chefs de projet en marketing digital pour accompagner ses clients de la création de leur marque jusqu’à l’acquisition de leads. Serial-entrepreneuse (déjà au capital de 4 entreprises), elle intervient dans les incubateurs et accélérateurs de la place toulousaine en tant que Mentor (le Connected Camp de l’IoT Valley, Momentum du Lab’Oïkos, TBSeeds…) et forme les talents de demain en donnant des cours dans des écoles (IAE, Digital Campus…).

LA COLLAB : Qu’est-ce que c’est ?

Créée en avril 2015 par Laura Strelezki, LA COLLAB n’est pas une agence de communication traditionnelle. Un collectif est né, celui de chefs de projet en marketing et communication, spécialisés dans le digital et qui partagent l’amour des projets bien menés.

Après plusieurs mois de collaboration, LA COLLAB accueille sa deuxième chef de projet, en avril 2017, en qualité d’associée : Célia Chauvet. Déjà à son compte, elle possède son propre portefeuille de clients mais décide de rejoindre l’aventure avec la volonté d’innover dans l’organisation de son métier.

Comment ça marche ?

Les membres se connectent en 3 grands cercles :

  • Le CO, qui représente le collectif de chefs de projet : interlocuteurs uniques de l’annonceur. À la fois coordinateurs, stratèges et faiseurs, ils font le lien avec les « experts ». À terme, le nombre d’associés devrait s’accroître afin de répondre à la croissance de notre activité.
  • Le LAB, qui réunit les “experts” – des freelances spécialisés dans des métiers de la communication ou du digital tels que des développeurs web, traffic manager, référenceur SEO, graphiste, photographe, data analyst… Le LAB compte aujourd’hui 22 experts qui sont sollicités en priorité sur les projets de nos clients. Par ailleurs, ils ont accès à une toolbox et aux événements organisés par LA COLLAB.
  • Le NEOLAB, le premier programme d’accompagnement pour propulser les freelances dans leur activité d’indépendant. LA COLLAB accompagne pendant 6 mois ces nouveaux indépendants en leur faisant profiter des avantages du LAB et via le mentoring des deux associées.

 

Laura, qu’est-ce qui différencie une agence d’un collectif dans la manière de travailler ?

Ce qui différencie LA COLLAB des agences de communication traditionnelles, c’est la façon de penser et d’organiser les métiers de communicant. Nos membres sont tous des entrepreneurs qui se mettent au service d’autres entrepreneurs. Ils parlent le même langage et ont tous cette envie de voir réussir les projets.

Les chefs de projet recherchent une proximité et une transparence dans leur relation avec le client. Ils ne sont pas de simples intermédiaires et ne sont pas là pour faire “passe-plat”. Ils ajoutent de la valeur-ajoutée et de la cohérence stratégique à chaque strate, ils vivent intensément le projet avec le client, ils sont les garants d’une relation de confiance, éthique et bienveillante entre LA COLLAB et le client pour être en accord avec notre définition d’une collaboration.

Enfin, nous fonctionnons en mode projet. Chaque projet a son équipe, sans hiérarchie pour être flexible et créatif. Les acteurs co-découvrent les besoins, co-développent les solutions et co-promotionnent la valeur créée. Nous sommes ainsi le meilleur entremetteur de talents et de compétences : toujours partenaire d’un projet nouveau, nous nous attachons à faciliter la vie et les prises de décision de nos clients.


Pouvez-vous nous présenter quelques-un de vos clients ?


</ ABEEWAY >

ABEEWAY est une start-up dans le secteur de l’IoT (objets connectés). Leur produit ? Des balises connectées qui s’adaptent à tous types d’utilisations et dont la géolocalisation est disponible sur une application mobile. D’une durée de vie de 1 an, cette innovation constitue une petite révolution sur le marché des objets connectés.

Pour lancer son activité, ABEEWAY a fait le choix d’externaliser, pendant un an, son service marketing et communication et de le confier au potentiel de LA COLLAB. Création du nom, discours et image de marque, puis des supports de communication et organisation d’un stand au CES de Las Vegas ont été des missions remplies par nos équipes. Un succès puisque les retombées se sont faites dans la presse nationale. Cette start-up est une vrai Success Story puisqu’elle a été cette année rachetée par un acteur phare du marché.

 

</ GOOD FOUNDERS >

GOOD FOUNDERS est une entreprise de conseils en financement. Son fondateur voulait un marketing novateur et différenciant : créer une image à la fois forte, créative et authentique. Cela fait 3 ans que LA COLLAB l’accompagne comme un réel service marketing externalisé. À ce titre, nous avons réalisé pour eux l’ensemble des stratégies marketing et de communication digitale : son identité visuelle, son site internet, ses supports de communication et nous gérons mensuellement l’envoi de la newsletter et les réseaux sociaux. La relation que nous entretenons avec ce client est saine, de confiance et surtout pérenne.

 Nous avons accompagné et accompagnons encore de nombreux clients, en voici un aperçu :

Tous nous ont fait confiance pour créer leur stratégie marketing/communication et leur identité de marque de A à Z, redynamiser la communication de leur entreprise ou pour avoir un audit / une formation. Vous pouvez retrouver en détails une partie de nos réalisations sur notre site internet : https://lacollab.com/references-clients-communication-marketing-digital/
Nous avons aussi fait le choix de nous positionner sur les marchés les plus porteurs et compatibles avec le tissu économique de notre territoire (IoT, plateformes de mises en relations, FoodTech…). En parallèle, nous nous rapprochons des acteurs de demain : incubateurs de startups, écoles du digital ou encore espace de coworking, LA COLLAB se veut au centre l’écosystème innovant de sa région.


Comment se passe le démarchage de nouveaux clients chez LA COLLAB ?


En moyenne, aujourd’hui un client de LA COLLAB nous amène 3 autres clients dans les 3 ans qui suivent notre intervention. L’effet positif du bouche-à-oreille ne nous contraint pas à mener une stratégie de prospection agressive comme nous pouvons parfois le voir dans le secteur.

C’est également en étant présent au quotidien dans la sphère professionnelle toulousaine, via des partenariats avec des incubateurs de start-up, des meetups, des prises de parole en conférences ou encore des interventions dans les écoles, que l’équipe de LA COLLAB alimente son réseau et génère aussi de nouveaux clients.


De quelle campagne êtes-vous les plus fiers ?

 

La Belle & Le Barbu est un client qui a marqué nos esprits : de par son projet novateur qui est de créer le premier e-personal shopper de mariage mais surtout de par la confiance que nous a accordé ses dirigeants pour sa communication.

La campagne dont nous sommes la plus fière s’est déroulée en mai, mois qui fut la période des ventes privées de la marque.

Les ventes privées étaient marquées par ce discours : “En mai, shoppe ce qu’il te plaît !”. La communication fut conséquente durant cette période où le client espérait de grosses ventes et des retombées médiatiques importantes. À cet effet, nous avons réalisé :

> une publicité (visuels et discours),

> des campagnes de Social Ads sur Facebook, Instagram et Pinterest,

> des affiliations auprès d’influenceurs du monde du mariage,

> des campagnes SMS marketing,

> de la publicité sur le réseau Display de Google,

> l’envoi d’un emailing,

> une campagne de relations presse.

Le client fut très satisfait de ce coup de communication puisque son chiffre d’affaires a triplé par rapport à l’année N-1.



C’est quoi une journée type à La Collab ?


Une journée type à LA COLLAB commence par un peu de sport (deux étages à monter et j’ai déjà tout donné sur ce plan pour la journée) et forcément un bon café ! Elle se poursuit ensuite par un brief punchy à Elodie, notre graphiste du LAB qui est venu aujourd’hui travailler dans nos bureaux. Tout juste le temps d’ouvrir mon ordinateur et de prendre peur de la montagne de mails, mon prospect est déjà là (premier rdv de la journée et sûrement pas le dernier) ! C’est avec, la plupart du temps, un grand sourire aux lèvres que je reviens dans mes bureaux pour débriefer avec mon équipe : ce nouveau projet nous emballe, tellement que Célia, mon associée, souhaiterait me piquer le client !
Avant d’aller déjeuner, je discute de 2-3 sujets en cours avec Delphine, mon assistante chef de projet… on arrive rarement à faire plus car je suis coupée par des appels client. Vient l’heure tant attendu du déjeuner : nous allons prendre un repas vietnamien ou descendons à l’épicerie espagnole du coin. Au pire, j’avale tout ça devant l’écran, au mieux je rejoins la team dans le parc et me laisse bercer par les éclats de rire souvent provoqués par notre brand content manager Théo !

L’après-midi, j’essaye de “produire” pour essayer de sauver ma soirée et mon week-end. Puis, je prends le temps d’appeler quelques freelances pour m’assurer que les projets sont bien gérés dans les temps et que tout se passe bien. Entre temps, je vais faire un peu de mission commando sur les réseaux sociaux, commencer à élaborer une stratégie de communication ou faire du référencement SEO. Et le temps passe vite… il est déjà 19 heures ! Je rentre chez moi, mais comme je suis une entrepreneuse dans l’âme et surtout une passionnée de mon métier, je n’arrive pas à me retenir de répondre encore à quelques mails.

 

« L’entrepreneuriat est un métier, il s’apprend, il faut simplement donner les bases nécessaires aux talents de demain »

 


Quelle est pour vous la principale problématique de votre métier aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les clients demandent souvent une disponibilité trop importante : de 7h à minuit, du lundi au dimanche. Cela peut devenir très fatiguant psychologiquement. Justement, le rôle du chef de projet est de protéger autant que possible les autres freelances de ces effets pervers

 

En quoi le statut de freelance est aujourd’hui à revoir (ou non), quelles peuvent être ses évolutions ?


A l’heure actuelle, le statut de freelance connaît un effet de mode considérable, au point qu’aux USA, une personne active sur trois est freelance, la France suit ce mouvement. Cependant, ceux qui font le choix de l’indépendance n’ont pas forcément conscience de ce que ce changement implique. Devenir freelance, aussi expert soit la personne dans son domaine, implique aussi d’avoir des outils et des connaissances commerciales et administratives. Par exemple, vous pouvez être un excellent graphiste, mais si vous ne savez pas vendre votre offre ou suivre votre comptabilité, vous ne pourrez pas avoir une activité pérenne. Sur ce plan, des actions de sensibilisation et d’accompagnement sont à mener par l’État et différentes organisations professionnelles.

Pour aller plus loin, il faudrait former les jeunes ou les personnes en reconversion dès la sortie de l’école ou lors de leur formation, afin de leur apprendre à gérer leur propre business. L’entrepreneuriat est un métier, il s’apprend, il faut simplement donner les bases nécessaires aux talents de demain.

Un deuxième point est à soulever : être freelance, c’est faire le choix de travailler en toute autonomie, mais cela ne devrait pas être synonyme de solitude pour tous les hommes et femmes qui choisissent ce mode de travail.

La solitude peut rapidement amenée à la démotivation ou la procrastination. Pour palier à cela, il serait judicieux de mettre à disposition davantage d’espaces de co-working pour les freelances, mais à un coût plus juste et accessible pour tous (un freelance est très souvent en auto-entreprise et les charges sont à minimiser). Il serait aussi bon de provoquer davantage de synergies entre les différents freelances, Linkedin est un bon réseau social pour cela et des plateformes existent pour permettre les belles rencontres. C’est un axe à poursuivre pour améliorer le métier de freelance.

Enfin, le métier entraîne une situation de précarité, parfois difficile à assumer sur le long terme. En effet, le début de l’autonomie marque aussi la fin des avantages liés au salariat et aux comités d’entreprises : tickets restaurant, 13ème mois, primes, mutuelles d’entreprise, salaire fixe… ce qui a des conséquences également sur le logement, l’accession à la propriété, la retraite…

Pour conclure, le freelance de demain devrait être plus informé, plus encadré et plus accompagné et surtout les mentalités doivent évoluer afin d’intégrer au mieux ce nouveau statut dans l’économie actuelle.


La communication, un secteur en pleine transition…

Le premier changement à noter dans le secteur de la communication est celui de la transformation de l’économie vers le digital. Ce dernier doit savoir répondre à de nouvelles attentes des annonceurs, voulant être présents sur les nouveaux outils du web.

LA COLLAB, en tant qu’agence digitale, se trouve à la croisée des secteurs de la communication et du numérique, segment qui se développe rapidement, avec une croissance attendue de 7% à 10% par an.

La deuxième réalité est celle de l’explosion du nombre de travailleurs indépendants, qui a triplé ces dix dernières années. Les nouveaux talents de la communication et du digital optent de plus en plus pour le statut de freelance, recherchant la liberté et l’autonomie inhérentes à ce statut. Au sein de notre LAB, nous voulons réunir ces femmes et ces hommes ayant choisi ce statut dans un esprit de communauté. Notre ambition avec le NEOLAB est d’aller même jusqu’à l’accompagnement des plus jeunes freelances qui lancent leur activité. En effet, selon SYNTEC, au moins 50% des consultants stoppent leur activité la première année suivant leur démarrage, la nécessité de les accompagner s’impose donc de plus en plus.

* Fondatrice de LA COLLABDiplômée d’un Master Marketing et Communication à l’IAE Toulouse, elle fait ses premières armes en tant que Responsable Communication Hors Média chez M Capital Partners (top 3 des fonds d’investissement français pour les PME). Elle y découvre l’esprit entrepreneurial, les business models et le retour sur investissement. Elle enrichit ensuite son parcours avec une expérience dans une agence digitale à Barcelone où elle côtoie de près l’écosystème start-up.