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« Je considère ces publications comme des trophées. Je peux les ranger sur mon étagère en écoutant Queen. » Entretien avec Julien Dugué graphiste, illustrateur & peintre

Julien Dugué, graphiste & illustrateur

Nous vous proposons cette semaine une interview de Julien Dugué, graphiste, illustrateur et peintre à ses heures, il nous raconte son parcours professionnel, se confie sur ses sources d’inspiration et livre quelques conseils pour les aspirants graphistes.

Bonjour Julien, merci d’avoir accepté de répondre à cette interview pour Printoblog. Pour commencer, pourriez-vous décrire votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui vous a amené vers le graphisme, l’illustration et la peinture ?

Bonjour, durant mon enfance je pratiquais 2 activités après l’école : le dessin dans un atelier et le tennis dans un club. J’ai rapidement compris que mon coup de crayon avait plus d’avenir que mon coup de raquette. Le hasard a bien fait les choses puisque des années plus tard j’ai illustré un livre consacré à ce sport.

Ma formation artistique s’est déroulée entre l’ECV Bordeaux et l’Ecole Emile Cohl. J’ai commencé mon activité freelance en 2005 après un contrat de maquettiste dans un journal à Paris durant lequel j’ai appris les coutumes et les usages du métier de graphiste. Ce fut un baptême du feu très formateur. J’aime retrouver les joies du travail en équipe sur certains projets mais de manière générale je chéris mon indépendance.

Avec le recul, j’ai l’impression d’avoir suivi le seul chemin qui s’ouvrait devant moi. La seule orientation qui avait un sens à mes yeux et le seul métier pour lequel j’étais fait.

Atari 2600 par Julien Dugué

En quoi consiste votre métier au quotidien ? Avez-vous une routine de travail ou est-ce que chaque journée est unique ?

Mon métier consiste à traduire des idées en images. Celles-ci sont destinées à être diffusées sur tous types de supports de communication visuelle.

Avec la maturité, mon rythme de travail a changé. Je ne travaille plus la nuit comme avant. J’exerce mon métier davantage à l’extérieur dans un café ou dans un espace de coworking. Je chronomètre le temps de chacune de mes activités pour savoir où je me situe. J’essaie de donner la priorité aux priorités et de fonctionner par type de tâches pour gagner en efficacité.

La partie commerciale du métier est la moins évidente. Je m’oblige à y consacrer un peu de temps chaque jour. En passant d’un client à l’autre, je navigue dans des univers très différents : je n’ai donc pas l’impression que mes journées se ressemblent.

Rive du Lez par Julien Dugué

A la fois illustrateur, graphiste print & web et peintre, vous cumulez les casquettes. Quelle est la partie de votre métier que vous affectionnez le plus ?

Voir une de mes créations s’afficher sur une page web ne me procurera jamais la même satisfaction que de voir la même création imprimée sur les pages d’un livre ou d’un journal. La compétition et les contraintes sont beaucoup plus exigeantes dans le deuxième cas. Je considère ces publications comme des trophées. Je peux les ranger sur mon étagère en écoutant Queen.

Le PDF a beaucoup simplifié la préparation des fichiers pour l’impression. J’ai connu des temps un peu plus fastidieux où il fallait joindre la maquette, les images et les polices sur un CD et faire appel à un coursier.

Le web demande une mise à jour constante en croisant les doigts pour que la prochaine révolution technologique ne balaye pas tous nos acquis. En ce qui concerne la peinture c’est ce qui restera lorsque j’aurai arrêté tout le reste.

Bordeaux Parlement par Julien Dugué

Vous avez un attrait pour la période du 1er Empire que vous avez illustré par une série de portraits, qu’est-ce qui vous inspire ? Comment avez-vous trouvé votre style ?

J’avais été frappé par l’affiche du festival Rock en Seine en 2005 qui reprenait des portraits de Napoléon et Joséphine. La galerie des personnages de cette époque a un côté rock’n’roll. Cette idée fonctionnait très bien. Lorsque j’ai commencé cette série de portraits, je voulais représenter une période historique visuellement inspirante et que celle-ci fonctionne en dehors des frontières françaises pour orienter mes dessins vers le public le plus vaste possible.

Les années 80 m’attirent pour les mêmes raisons. La différence c’est que je peux utiliser mon vécu dans ce deuxième cas.

Affiche Rock en Seine 2005
Affiche Rock en Seine 2005

Quelles sont vos influences ? Avez-vous des artistes référents ? Si oui, pouvez-vous en citer quelques-uns ?

Mon esprit a été irrigué par la bande dessinée franco-belge, les films de Disney et l’animation japonaise. Ce sont ces images qui m’ont donné envie de prendre du papier et un crayon.

Mes artistes référents, c’est le carré magique Moebius, Goscinny, Franquin, Wendling. Devant les dessins de ces artistes, je reste bouche bée. J’ai ressenti une grande sensibilité dans le dessin de Tim Burton. Aussi j’admire particulièrement les artistes qui prennent le risque d’avancer et de se chercher avec sincérité. Andy Warhol, Serge Gainsbourg, David Bowie, Matthieu Chedid, Christine and the Queens. Du talent et pas de stagnation.

True détective par Julien Dugué

 

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui envisage de se lancer en tant que graphiste ou illustrateur freelance ?

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. Nous y sommes. Je vais jouer les anciens combattants.

A cet étudiant, je parlerais de l’importance du travail personnel pour trouver son style. Il faut cultiver son jardin pour en récolter les fruits plus tard et c’est en sortant qu’on trouve ce qui est à l’intérieur.

Donc aller voir des expositions, s’inscrire dans une association, assister à des concerts, voir des films pour stimuler l’imagination autant que possible.

Le coworking devrait lui permettre de ne pas rester isolé en travaillant à la maison. C’est une chance dont il pourra se saisir à la sortie de l’école. Lorsque j’ai commencé mon activité freelance à Paris cela n’existait pas encore. Enfin je présenterais les vertus d’un devis signé avec la mention « bon pour accord ». Un acompte de 30%, c’est la cerise sur le gâteau.

Paris rue Utrillo par Julien Dugué

Pouvez-vous nous parler de vos projets en cours ?

En ce moment je réponds à une nouvelle commande de site web qui va bien m’occuper pendant les prochains jours.

Depuis cette année mon envie de transmettre aux autres se précise donc je vais donner des cours de dessin.

Concernant les projets personnels, « Dessine-moi Paris » me tient à cœur. Je travaille sur une nouvelle version du site pour le relancer. Même chose pour « Illustramusic ». Je barbouille avec ma tablette graphique pour proposer de nouvelles choses du coté du digital painting. Je continue mes aquarelles de Belle-Ile sur du vrai papier cette fois.

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