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Entretien avec Aurélien Sesmat, Graphiste et Webdesigner « On doit toujours être au top, explorer et ajouter de nouvelles compétences et être toujours à l’affût des nouveautés. »

Hello ballon final par Aurélien Sesmat

L’entretien de cette semaine est consacré à Aurélien Sesmat, graphiste, webdesigner, professeur à l’École MJM Graphic Design et membre actif du réseau Greaaat. Il partage avec nous sa perception du métier et nous livre ses conseils pour concilier vie professionnelle et vie privée lorsque le bureau est aussi le lieu où l’on vit.

Aurélien Sesmat, merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions sur le blog de Printoclock.  Vous êtes Graphiste & Webdesigner Freelance depuis près de 10 ans, un métier en constante évolution. Dites-nous ce qui vous a amené à ce métier et vos motivations. En somme, qu’est-ce qui fait courir Aurélien Sesmat ?

Ça fera 10 ans en Septembre, le temps passe vite !! J’ai été amené à faire ce métier par amour du dessin en regardant mon père à l’époque (dessinateur en bureau d’études), et de l’informatique. Après un Bac STI, un concours des B-A et un DUT, je suis par hasard tombé sur une publicité pour les arts appliqués et je voyais que mes deux passions étaient réunies, le dessin et tout ce qui a trait au numérique.

Ce qui me fait courir c’est le fait de créer plein de choses, de plein d’univers différents et de ne pas refaire la même chose 2 fois, créer de l’originalité qui parle au public, aux clients.

Icon web portfolio par Aurélien Sesmat

Vous abordez sur votre blog avec beaucoup de réalisme la difficulté à mener de front, vie professionnelle et vie privée. Vous êtes freelance et votre bureau c’est votre domicile. Auriez-vous quelques conseils pour les jeunes ou les futurs jeunes parents qui se lancent dans l’aventure du travail en indépendant ?

Effectivement à force d’en parler autour de moi ou quand mes amis/collègues me demandaient comment ça se passait je me suis dit qu’un article serait adéquat pour montrer comment ça peut se passer. Et surtout pour aider justement celles et/ou ceux qui hésitent ou se posent des questions.

Les conseils que je peux donner sont simples. Quand un enfant arrive ça bouleverse tout, il faut donc établir une organisation pro et perso, méthodo qu’on respecte et bien fixer les règles entre parents, ça évite les prises de tête et sujets à conflit. Après on s’adapte à l’enfant, donc il faut accepter le fait qu’on ne travaille plus comme avant avec de longues périodes devant son écran, ou tard le soir ou la nuit et faire la grasse matinée après pour récupérer.

Dans le cas où c’est le papa/freelance et que la maman est en congé maternité et ne retravaille pas tout de suite, le papa peut continuer à travailler normalement puisque moins coupé et que la maman est là pour le nouveau-né. Dans le cas ou c’est maman/freelance et/ou que votre moitié travaille et que vous êtes seul(e) avec votre bouille à la maison il faut accepter d’être interrompu souvent.

Pensez à noter les choses que vous avez en tête car au bout d’un moment on perd le fil de ce sur quoi on travaille et ça donne n’importe quoi comme résultat.

Si après pour je ne sais quelles raisons les parents placent leur enfant rapidement en crèche/nounou du coup le/la freelance peut travailler comme il/elle le souhaite dans la journée.

Mais en gros il faut accepter la flexibilité, l’imprévu, les nombreuses coupures, d’être moins dans le rush et de lever le pied, surtout au début.

page map par Aurélien Sesmat

 

Vous avez trouvé votre rythme grâce à une organisation efficace, vous parlez aussi des imprévus, auriez-vous une anecdote à partager pour mieux illustrer votre propos ?

Une anecdote..pfiou j’en ai plein ! Je me souviens une journée assez chargée avec 3 appels clients notamment en plus de rendus à envoyer. C’était un jour ou je gardais ma petite fille et elle était tombée malade. J’ai commencé à travailler en début de matinée (9h) pendant qu’elle commençait sa sieste du matin. Elle ne trouvait pas le sommeil et s’est réveillée 5 ou 6 fois, donc à chaque fois, j’arrête ce que je fais pour aller la voir, la consoler et la rendormir.

Pour qu’au final elle vomisse et fasse une couche tellement énorme que ça sortait de partout. Et donc comme cela ne suffisait pas, mon premier call client s’est passé pendant que je nettoyais le vomi par terre, mon second appel client s’est fait avec le téléphone à côté de ma fille pendant que je la nettoyais et changeais la couche. Et le troisième appel client (pour une présentation et briefing sur un projet) s’est fait à la pharmacie au milieu des Smecta, Doliprane pédia et autres Tiorfan (les parents savent !!). J’avais au final pas avancé avec tout ce qui s’était passé. Ma femme ayant pu emmener la petite chez le pédiatre j’ai pu trouver un peu de temps pour continuer après tout ça.

Shoot insta ideage final par Aurélien Sesmat

Vous êtes membre actif du réseau Greaaat, réseau de freelances spécialisés dans les métiers du digital, parlez-nous de ce réseau, qu’est-ce qui le distingue des autres collectifs de freelances ? Quelle est l’utilité d’appartenir à un réseau en tant que professionnel indépendant ?

Alors Greaaat c’est une longue histoire.. Quand je me suis installé sur Strasbourg, j’ai intégré une association autour du web (wdstr) pour me faire un réseau sur place. Et dans l’équipe de l’association, j’ai connu Jonathan Path qui en faisait partie à l’époque. Il avait dans l’idée de créer un réseau de freelance car il en connaissait plein autour de lui sans que l’on se connaisse entre nous, c’est comme ça qu’est né Greaaat. On a commencé à 5-6 pour arriver aujourd’hui à environ une trentaine de personnes situées partout en France et dans d’autres pays.

Ce qui le distingue c’est qu’au fil du temps c’est devenu plus qu’un réseau, c’est limite une famille, on se raconte nos déboires de parents, on se rencontre une fois par an dans des lieux différents, on se partage énormément de choses, de tips, conseil, on se remonte le moral quand c’est morose chez quelqu’un.. et on travaille ensemble !!

L’utilité d’appartenir à un réseau c’est déjà de ne pas être coupé du monde, on communique à distance avec d’autres personnes, c’est mieux que d’être seul dans son salon. Ensuite c’est pratique pour répondre à de grosses demandes nécessitant plusieurs compétences que ça soit en créa, en intégration/développement, rédactionnel, SEO….

Sachant qu’on a quasiment tous travaillé ensemble, on peut se recommander auprès de nos clients quand nous sommes débordés ou quand c’est impossible pour nous de répondre à une demande. C’est toujours mieux de transmettre une demande à quelqu’un de confiance plutôt qu’à quelqu’un dont on ne connaît pas la qualité de travail.

Icon branding portfolio HD par Aurélien Sesmat

Professeur à l’École MJM Graphic Design, dites-nous ce qui vous a mené à l’enseignement ?

À force de voir les jeunes indépendants et étudiants se planter royalement à des demandes, ne pas faire de devis, ne pas se faire payer, proposer des tarifs dérisoires, je me suis dit qu’il était temps de transmettre les bonnes pratiques, tant en terme de créa pure qu’en terme de gestion client, administratif, marketing, etc…. J’ai la chance d’avoir dans mon entourage des personnes qui interviennent dans d’autres écoles que ça soit sur Strasbourg (SupdeWeb, MJM, LISAA) ou Paris (Gobelins), je me suis renseigné et ça s’est fait rapidement. Ça fait 4 ans que j’enseigne et ça me plaît de voir les étudiants progresser et leur apprendre ce qu’il faut connaître pour bien s’en sortir dans la vie professionnelle.

Webdesign neodif bière par Aurélien Sesmat

Vous travaillez aussi bien pour le print que pour le web, quelles sont les différences fondamentales entre ces deux univers ? Avez-vous une préférence ? Est-ce que ces deux canaux de communication sont complémentaires ? Conseillez-vous à vos clients de jongler avec les deux ?

Les différences sont surtout dans le support ! Il y a des contraintes et libertés que l’on a dans chacun des deux. On ne travaille pas avec la même résolution, les mêmes dimensions, les mêmes règles d’ergonomie, etc.. Je n’ai aucune préférence, ayant fait une formation dans chaque, j’aime le fait de pouvoir passer de l’un à l’autre tout simplement. Ces deux canaux sont complémentaires oui, on peut avoir un projet d’identité visuelle pour une application avec au début le logo et la charte, les déclinaisons print pour arriver au site web et aux interfaces. C’est justement ce genre de projet qui me fait vibrer car je pars de rien et je créé tout un univers où on peut jouer avec et qui sera vraiment unique pour le client !

Banner logo par Aurélien Sesmat

Vous diversifiez vos domaines d’intervention et vos clients sont issus d’horizons divers. Comment sélectionnez-vous les propositions, qu’est-ce qui motive votre choix ? Avez-vous des projets à venir qui vous tiennent à coeur ?

Je ne sélectionne pas vraiment les projets qui viennent. Je réponds à tous les projets solides (ceux « payé » en visibilité non merci..), j’aime passer d’un projet Print dans la cosmétique à un projet de Webdesign pour une entreprise dans le BTP !

J’aime énormément faire des projets de logo donc je pousse dans ce sens pour en faire plus ! Ce qui me tient à coeur c’est que justement je vais être publié dans un livre de logo très connu qui va paraître partout dans le monde. Ça me conforte donc de continuer à pousser dans ce créneau ! Ce qui est bien dans ce métier c’est qu’on doit toujours être au top, explorer et ajouter de nouvelles compétences et être toujours à l’affût des nouveautés.